Depuis la fin des années 1980, la société Pass a réalisé des « chemins de vigne » dans la plupart des grands terroirs viticoles de l'Est de la France : le Chablisien, le Sancerrois et, bien sûr, la Champagne.
« Un chantier moyen pour un terroir représente entre 5 000 et 6 000 m² de béton. En 2014 et 2015, nous en aurons réalisé environ 30 000 m² », commente Michel Monteiro, le directeur de Pass.
Dans l'est de l'Hexagone, le béton s'enracine au cœur d'un terroir prestigieux, celui du « vin des rois ». Présent dans le bordurage en ville, il a aussi conquis les coteaux viticoles où il facilite concrètement le travail des vignerons et participe à la valorisation des exploitations qui produisent le champagne, mais aussi, non loin, le sancerre ou le chablis.
À l'origine de cette étonnante réussite : la société Pass, créée il y a 51 ans. D'abord spécialisée dans les équipements de sécurité – dont des dispositifs en béton extrudé –, l'entreprise a su développer, en plus de sa participation à des chantiers de prestige (autoroutes A19 et A75, viaduc de Millau, Lignes à Grande Vitesse (LGV), « Route des Tamarins » à La Réunion), un large panel de savoir-faire. Exemples dans l'Aube et la Marne.
Viticultures et béton : l'accord parfait
Un succès lié notamment à deux atouts des voiries agricoles en béton.
- Premier avantage : grâce à leur grande rigidité, elles assurent une bonne répartition des charges sur le sol support.
- Second avantage : grâce à sa forme ou à son profil, le chemin de vigne en béton canalise les eaux de ruissellement. Les fossés deviennent alors inutiles, et avec eux les passages « busés » destinés à permettre l’accès aux parcelles. La limite des champs est ainsi ramenée au ras de la chaussée, augmentant d’une façon appréciable la surface cultivable. Au prix du m2 en appellation AOC Champagne (plus de 900 euros dans l'Aube en 2013), l'argument est loin d'être négligeable.
« Ces cheminements jouent un rôle essentiel dans l'entretien de parcelles qui produisent le champagne. La plupart de ces voiries sont réalisées par des associations foncières, à l'occasion d'opérations de remembrement » commente Michel Monteiro.
Maître d'œuvre, spécialiste de ce type de voiries, Philippe Defay poursuit :
« Certes, le béton représente un coût par rapport à d'autres revêtements. Mais il le compense largement par sa durabilité.
Autre atout dans des vignobles de prestige comme ceux de la Champagne : l'esthétique et l'intégration paysagère. Réalisés en teinte claire, ils s'harmonisent parfaitement avec la couleur des sols, composés de calcaire à tonalité blanchâtre. » En Champagne, les sédiments affleurants sont en effet majoritairement des craies ou des marnes.
L'AOC Champagne
Délimitée par une loi en 1927, l’aire de production de l’Appellation d’origine contrôlée (AOC) Champagne couvre quelque 34 000 hectares avec 320 crus (qui correspondent à autant de communes) dont 23 % se situent dans le département de l’Aube (deuxième après la Marne qui en totalise 66 %). Les vignobles sont implantés sur des collines plus ou moins vallonnées.
Le trafic sur les cheminements qui permettent l'accès aux vignes est important à l'époque des vendanges. À l'arrière-saison, les conditions climatiques défavorables – les précipitations notamment – peuvent les dégrader. N'étant pas destinés à un usage public, ils ont une largeur utile réduite, généralement limitée à 3 mètres.