Consciente de ses responsabilités face à la nécessaire reconversion de son site industriel de Dannes-Camiers, richesse foncière et naturelle ayant vécu la crise économique, EQIOM a mis en place une plateforme de projets susceptibles d’initier une nouvelle dynamique économique, sociale, culturelle et environementale, en lien avec les enjeux du territoire. Retour sur ce projet baptisé « Demain notre cimenterie ».
Un fleuron de l’industrie
C’est au début de la révolution industrielle que la région boulonnaise prenait une longueur d’avance sur l’ensemble de la France en donnant naissance à la Société des Ciments Portland, ancêtres de la société Eqiom. En quelques décennies, une quinzaine de cimenteries, dont celle de Dannes-Camiers, virent le jour aux alentours de Boulogne. La crise économique de 2008 engendre une baisse drastrique de consommation de ciment et la fermeture du four de Dannes-Camiers devient inéluctable en 2013.
Alors qu’une activité de broyage est maintenue, les dirigeants d’EQIOM ont souhaité réinscrire le site de 170 hectares dans le territoire et son environnement, en cohérence avec le potentiel des nouvelles technologies.
Une gouvernance participative et collaborative
Pour mener à bien cette reconversion, une démarche de co-construction avec les autres acteurs territoriaux et les parties intéressées a été adoptée, donnant naissance au projet « Demain notre cimenterie ».
L’originalité du projet réside dans la méthode de gouvernance participative, qui implique notamment les riverains, les élus, le parc régional, le Conservatoire des Espaces Naturels et les établissements publics fonciers, tous sensibles aux enjeux d’attractivité pour la région des Hauts-de-France.
À la recherche de synergies industrielles
Si le territoire de la cimenterie conserve sa destination première avec la station de broyage de liants routiers, l’ancien site industriel souhaite ouvrir ses portes à de nouvelles activités de valorisation.
Un premier projet, Minertech, prend alors forme. Il s’agit d’un lieu dédié à l’expérimentation en matière de valorisation des minéraux issus du recyclage. Il aura pour vocation de faciliter l’accès à des recherches collaboratives pour les acteurs publics et privés du territoire, et de contribuer ainsi au développement de nouvelles filières industrielles. Il permettra de tester, à l’échelle pré-industrielle, des technologies et équipements de transformation de matériaux ainsi que de nouveaux usages des minéraux recyclés destinés aux activités du bâtiment et des travaux publics. Plateforme d’innovation collaborative, ce lieu fonctionnera autant comme un accélérateur de projets de solutions de recyclage durables et efficaces, que comme un réseau de compétences spécialisées et, pourra ultérieurement devenir, centre de formation dans ces domaines.
Concilier nature et loisirs dans l’ancienne carrière
Une partie de l’ancienne carrière de Camiers deviendrait un espace de préservation et d’accueil de la biodiversité, ouvert sur des activités culturelles, de loisirs et touristiques. Pour trouver le bon équilibre dans l’aménagement de cet espace, unique dans sa biodiversité, des journées portes-ouvertes, destinées à recueillir l’avis des riverains, ont été organisées. Parallèlement, des discussions ont été menées avec les élus de Camiers et diverses ONG.
L’aménagement prévoirait la sanctuarisation de certains espaces, afin d’assurer la tranquillité de la faune en général et plus particulièrement celle des oiseaux, que le public pourrait observer à partir de belvédères construits à cet effet. A la fois proche de la mer et en situation protégée en cas de vents forts, le site pourrait également accueillir une base de loisirs, pourvue d’un espace d’initiation pour les écoles, ainsi que des pratiques nautiques lorsque l’accès à la mer est difficile.
Le projet entre aujourd’hui dans sa deuxième phase, avec la mise en place d’une gouvernance efficace et respectueuse de toutes les parties prenantes, dans l’objectif de parvenir à un équilibre entre des zones de biodiversité sanctuarisées et le développement de la base de loisirs.
Une ambition touristique forte avec le Chemin de la Craie
Roche blanche formée il y a 90 millions d’années lorsque tout le Nord de la France était recouvert par la mer, la craie est présente partout sur le territoire du Boulonnais. Exploitée dès le Moyen-Âge, elle a fortement marqué l’architecture locale, notamment à Cléty, où elle fut utilisée pour construire l’église et de nombreux corps de fermes. C’est cette richesse locale qui a permis l’implantation de nombreuses cimenteries au début du XXe siècle. Afin de valoriser et partager ce pan d’histoire géologique et industrielle, des circuits de cyclotourisme et de randonnées pédestres ont été mis en place. Ils permettent aux visiteurs d’emprunter le Chemin de la Craie, un parcours de plus de 60 km reliant Dannes-Camiers à Lumbres (où se situe une autre cimenterie d’EQIOM), composé d’une variété de richesses paysagères, culturelles, gastronomiques, … L’élaboration de ces balades a été réalisée dans le même esprit de concertation que pour les autres facettes du projet ; des ateliers participatifs ont été mis en place avec les collectivités locales et les associations environnementales, en partenariat avec le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale.
Des événements festifs et sportifs ont également été créés, notamment « le Trail du Chemin de la craie » ou encore « La Caravane de la craie », spectacle itinérant animé par des artistes locaux.
En favorisant ainsi l’émergence de ces projets, le site met en valeur l’identité de la région et contribue à la diffusion du tourisme vers l’arrière-pays.
Cette plateforme de projets illustre le bien-fondé d’un modèle participatif pour la prise de décisions, et la pertinence de la prise en compte les attentes culturelles et économiques de la maille locale. En récréant des pôles d’attraction au niveau régional, la reconversion de ce site industriel contribue au dynamisme local et, à terme, à la création de nouveaux emplois, directs et indirects.