Œuvre de l’architecte portugais Alvaro Siza (Prix Pritzker), l’église Anastasis (Résurrection en grec ancien) se caractérise par son style épuré et son intégration dans la cité. Elle s’insère sur une petite parcelle du nouveau quartier de La Morinais, entre immeubles de logements, espaces verts, mairie et vestiges d’une chapelle du XVIIIe siècle. Son architecture crée un repère dans la cité : monolithe de béton blanc, il est associé à un campanile, également en béton blanc, placé à distance de l’entrée dans une sorte de contrepoint.
De l’extérieur, l’église Anastasis se présente comme un jeu d’imbrication : entre les deux tours de 12,4 m de haut, un cube de 16 x 16 m reçoit un cylindre de 14,75 m de diamètre que les parois courbes de l’étage laissent deviner. A partir de ce noyau, à l’est, un volume demi-cylindrique en porte-à-faux au-dessus du rez-de-chaussée s’élève sur deux niveaux, contenant l’abside de l’église. Côté ouest, deux volumes rectangulaires encadrent l’entrée. L’angle sud, entaillé en triangle, exprime une volée de l’escalier qu’il contient.
Le dépouillement est une vraie volonté de l’architecte, qui a dessiné les trois étages de l’église dans leurs moindres détails, des interrupteurs au mobilier, des objets liturgiques au chemin de croix. L’harmonie subtile des nuances de blanc des voiles de béton courbes, du sol de marbre, et du plafond suspendu carré génère une lumière particulière dans cette église sans vitraux.
Une fausse simplicité
Si l’église semble modeste par sa taille, son schéma structurel s’avère complexe et sa construction a posé de vrais défis. Alvaro Siza voulait que son bâtiment soit lu comme un objet dans son unicité. Les voiles de 12,4 m de hauteur, murs porteurs de béton blanc thermiquement isolés à l’intérieur, ont été coulés en place verticalement en une seule passe. C’est surtout la toiture en béton armé qui a challengé l’entreprise, avec ses 15 m de portée sa verrière intégrée. Les voiles de grande hauteur en béton blanc architectonique auto-plaçant ont également nécessité tout le savoir-faire de l’entreprise : 12, 5 m et 7, 5 m en courbe et porte-à-faux.
Quelques églises en béton qui ont traversé le temps
- Eglise Notre-Dame du Raincy, construite par Auguste et Gustave Perret en 1922-23
- Eglise Saint-Joseph du Havre (Seine-Maritime), construite par Auguste Perret en 1951
- Eglise Notre-Dame-des-Flots au Cap-Ferret (Girond), œuvre de l’architecte Raymond Morin et du sculpteur Hugues Maurin. Construite entre 1956 et 1966
- Eglise Notre-Dame de Royan (Charente-Maritime), des architectes Guillaume Gillet et Marc Hébrard, inaugurée en 1958
- Eglise Sainte-Jeanne-d’Arc de Verdun (Meuse), de l’architecte et ingénieur Jean-Louis Fayeton, construite entre 1963 et 1965
- Chapelle Notre-Dame du Haut, à Ronchamp (Haute-Saône), signée le Corbusier et consacrée en 1955, à laquelle Jean Prouvé a adjoint un campanile dans les années 1970
- Eglise Saint-Pierre de Firminy (Loire), signée par Le Corbusier et démarrée en 1973