En continuité mais autonome, le nouveau bâtiment possède un caractère qui lui est propre. Son écriture architecturale est à la fois contemporaine et intemporelle.

Située à l’écart de la ville et du campus, dans un quartier de logements collectifs, la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme est une composante d’Aix-Marseille Université appuyée sur une unité de recherche du CNRS. Cette structure de recherche en sciences humaines et sociales spécialisée dans le monde méditerranéen accueille également une école doctorale. Elle soutient les activités de recherche dans des domaines aussi variés que la préhistoire, l’archéologie, l’ethnologie, les mondes africains et arabes et met à disposition des chercheurs ses laboratoires et locaux de convivialité. C’est dans ce contexte que le rectorat d’Aix-Marseille a lancé en 2017 un concours d’extension du bâtiment existant.

De grandes ventelles réalisées en béton blanc et préfabriquées protègent les surfaces vitrées de l’ensoleillement direct.

Le programme de 1 557 m2 de surface rassemble des laboratoires de recherche, des bureaux, des locaux de réception ainsi qu’un amphithéâtre. Ceci permettant de compléter l’offre de l’équipement universitaire. Celui-ci, construit au début des années 2000, s’organise en U autour d’un jardin. Le bâtiment d’entrée orienté vers la rue comprend un vaste hall sur double hauteur et une cafétéria en mezzanine. Il dessert deux ailes orientées nord-sud qui accompagnent le jardin dans toute sa longueur et reçoivent les différentes unités de recherche.

L’extension s’intègre dans l’ensemble bâti en refermant la composition initiale. Elle transforme le jardin d’origine en espace clos et protégé à l’image des patios méditerranéens.

Une extension structurante 

« Au moment du concours, lors de la visite, l’architecture du bâtiment d’origine ne nous a pas semblé en dissonance avec la nôtre. Nous avons par conséquent préféré travailler dans la continuité et la réécriture », expliquent Ignacio Tillard et Olivier Brouwez, les deux associés de l’agence Panorama Architecture.

Ils poursuivent, « Très rapidement, le jardin existant est devenu l’élément d’accroche du nouveau projet, à l’image des patios dans l’architecture traditionnelle méditerranéenne. Nous avons souhaité que cet espace extérieur devienne l’élément fédérateur entre neuf et existant. Ce jardin constitue un microcosme protégé par les éléments bâtis qui le ceinturent. Dans cet ensemble, l’extension a tout naturellement trouvé sa place à l’opposé du bâtiment d’entrée, de l’autre côté du jardin central, devenant la quatrième aile de la composition initiale. »

De belles masses en béton brut et blanc caractérisent le nouvel édifice.

L’extension s’intègre dans l’ensemble bâti en refermant la forme initiée par la composition en U. Elle transforme le jardin ouvert en espace clos et protégé. Les cheminements et les liaisons ont été prolongés pour augmenter les surfaces d’échanges avec le nouveau corps de bâtiment.  

Le nouvel édifice se veut respectueux de l’architecture et du fonctionnement existants. Il s’intègre dans cette organisation comme une pièce nouvelle qui viendrait finaliser un puzzle et en parfaire l’harmonie. Il présente une architecture sobre et élégante dans un style méditerranéen fait de grandes masses et de percements réduits. Cette nouvelle architecture s’intègre dans l’épure initiale et vient la compléter en s’implantant en continuité des axes de composition principaux.

 

Sculpture monolithique

À la fois en continuité mais autonome, la partie neuve est implantée avec finesse et subtilité, par les concepteurs. Bien qu’elle fonctionne en cohérence avec l’existant, elle bénéficie également d’une certaine autonomie grâce à un accès indépendant. Son écriture architecturale quant à elle possède un caractère qui lui est propre, contemporaine et intemporelle. Ce sont ses belles masses de béton brut et blanc qui caractérisent l’édifice. Le corps de bâti neuf se fragmente en trois volumes tenus par deux grandes failles. Celles-ci ménagent des transparences au travers de la construction avec de belles échappées visuelles vers l’est et vers l’ouest. 

Afin de brouiller la lecture de la véritable échelle de l’extension et de limiter l’ensoleillement direct sur les surfaces vitrées, de grandes ventelles verticales de double hauteur ont habillé les ouvertures.

De belles masses en béton brut et blanc caractérisent le nouvel édifice.

Réalisées en béton blanc et préfabriquées, elles protègent les vitrages de l’ensoleillement direct et donnent selon les points de vue la perception de volumes massifs. Surdimensionnées, ces ventelles mesurent 7 m de haut. Elles gomment la lecture de la dalle de l’étage. L’édifice est lu comme une masse élégante, abstraite et intemporelle.

Le volume central reçoit quant à lui une tôle perforée formant brise-soleil. Elle engendre une perception unitaire de sa volumétrie. Seules les surfaces vitrées des failles et du rez-de-chaussée restent ainsi perceptibles en tant que telles. Ce volume semble en lévitation pour accentuer l’élégance du dessin.

L’édifice se fragmente en belles volumétries de béton blanc tenues par de grandes failles vitrées qui ménagent des transparences d’est en ouest.

Pérennité au cœur du bâtiment

Présent à l’extérieur comme à l’intérieur, le béton est le matériau de référence pour l’agence Panorama Architecture. Ici, les murs sont des doubles voiles coulés en place pour bénéficier de l’inertie et de la pérennité du matériau à l’intérieur de l’ouvrage. 
À l’image d’une architecture méditerranéenne à la minéralité affirmée, l’épaisseur des doubles murs favorise le confort thermique intérieur. 

Le voile extérieur est de couleur blanche pour répondre aux teintes du bâtiment d’origine. En revanche, le voile intérieur est gris. 

Le sol est traité en dalle béton poli. Ceci a permis de renforcer la continuité entre l’extérieur et l’intérieur de l’ouvrage avec au sol un unique matériau. L’espace convivial du hall peut ainsi s’ouvrir totalement grâce à des baies escamotables. Lors des colloques ou des événements, les espaces de réception s’étendent ainsi vers la terrasse et l’espace central du jardin, offrant une appréhension parfaitement méditerranéenne de notre cadre bâti : protégé par le débord de la dalle supérieure mais ouvert vers l’espace extérieur.

 

 

L’intérieur réussit la complexe alchimie d’être chaleureux tout en étant propice au calme et à la concentration des chercheurs. Les laboratoires de recherche ou bureaux sont distribués de part et d’autre d’une circulation centrale. Celle-ci est pensée comme « une rue » connectant les espaces de travail individuels et collectifs. Elle s’élargit à plusieurs reprises créant des espaces de rencontre, des places, introvertis ou largement ouverts sur l’extérieur. Les lumières y sont changeantes et d’intensités différentes durant la journée. Les percements sont mesurés afin de maîtriser les cadrages sur le paysage, ils offrent un parfait équilibre entre filtre et vue. 

Au rez-de-chaussée, l’auditorium de 80 places marque sa singularité avec son habillage en panneaux de bois sombre qui vient contraster avec le béton blanc à l’extérieur. Enfin, pour parfaire le confort thermique, l’ensemble des locaux est chauffé ou rafraîchi en fonction de la saison par des panneaux rayonnants posés en plafond. Ceux-ci participent également au traitement acoustique de l’ensemble. 

Calme, sérénité, matérialité, maîtrise, voilà quatre qualités qui incarnent tout à la fois notre monde méditerranéen et l’écriture architecturale de l’Agence Panorama.

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Fiches techniques

Reportage photos : Stéphane ABOUDARAM | WE ARE CONTENT(S)

  • Maître d’ouvrage : Rectorat d’Aix-Marseille
  • Maître d’œuvre : Panorama Architecture 
  • BET structure : Ingénierie 84
  • Entreprise gros œuvre : BEC Construction Provence
  • Préfabricant : SAPB (brise-soleil, couvertines, appuis de fenêtre)
  • Surface : 1 004 m2 SU 
  • Coût : 4,3 M€ HT
  • Programme : extension de la MMSH en site occupé (bureaux, salles de réunions et de conférences, laboratoire, salle polyvalente/de convivialité).



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Voir aussi
  • Qualité de l'air intérieur
    Bien au-delà du bâti, cigarettes, produits d’entretien, meubles, insuffisance de ventilation, c’est-à-dire le mode de vie de chacun d’entre nous génère des sources multiples de composés organiques volatils (COV), molécules capables d’impacter la santé humaine. Les niveaux de concentrations rencontrés dans les bâtiments dépendent également d’interactions chimiques complexes et fluctuent en fonction des volumes de débits d’air ventilés. C’est pourquoi la recherche d’un air intérieur de qualité ne peut se limiter à l’observation des émissions en COV des éléments du bâti. Néanmoins, le choix des matériaux de construction faiblement émetteurs est une condition sine qua non d’un environnement intérieur sain. Les acteurs de la construction se sont saisis du sujet. La filière béton a réalisé une étude approfondie sur cette thématique.