MARS 2025 -
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Une chapelle de béton sculptée par la lumière

En résonance avec l’esprit de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, la nouvelle chapelle qui achève la rénovation complète de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) « Ma Maison », menée par AUM architectes, se caractérise par son humilité architecturale.

Avec sa discrète croix métallique, le clocher marque l’angle de l’édifice et symbolise son caractère religieux.

Créé en 1861 par la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres de Lyon, la résidence pour personnes âgées « Ma Maison », devenue Ehpad, a fait l’objet d’une reconstruction. Elle s’inscrit dans un parc arboré, au cœur du quartier de la Croix-Rousse : un secteur patrimonial soumis aux prescriptions liées à la protection des bâtiments historiques.

Au sein d’un nouvel ensemble bâti cohérent, la chapelle se démarque de l’Ehpad par ses dominantes verticales.

Sa nouvelle chapelle, qui remplace l’église du XIXe siècle démolie, devait respecter le caractère minéral du bâti environnant. Elle accueille des offices de la paroisse et abrite les prières des sœurs et des pensionnaires – personnes âgées, défavorisées et dépendantes. Conformément aux attentes de la maîtrise d’ouvrage, un accès direct est prévu en rez-de-chaussée par le hall d’accueil de l’établissement, mais également à l’étage vers la tribune pour les personnes moins mobiles.

Par leurs surfaces aveugles, les trumeaux en béton laissé apparent apportent un repos visuel dans un tissu dense et animé.

Monolithique et épurée

« Nous ne souhaitions ni crépi ni matériau rapporté. Notre choix s’est donc naturellement porté sur le béton, matériau minéral le plus pur possible. De plus, celui-ci peut tout faire », souligne Pierre Minassian, l’un des associés de l’agence AUM architectes, précisant que l’isolation thermique est placée à l’intérieur dans toute l’opération.

Les pans obliques en béton blanc guident la lumière vers les vitraux colorés et les mettent en valeur à la manière d’écrins.

Dans le prolongement de l’Ehpad, la chapelle se compose de deux parallélépipèdes enchevêtrés. Celui du clocher, culminant à 11 m, avec sa croix métallique épurée, domine le second, constitué de la nef et de l’autel. Ce volume principal est encadré de part et d’autre par deux bandes de pièces annexes – sacristie, salles d’accueil et de réconciliation, salles de préparation des corps et locaux techniques à l’étage.

Avec ses lames en frêne, le plafond légèrement courbe répond harmonieusement au mobilier en bois et aux revêtements absorbants en claire-voie des parois.

Dans un contexte urbain minéral et orthogonal en cœur d’îlot, l’édifice religieux s’affirme par son vocabulaire architectural sobre, magnifié par le béton blanc comme unique matériau. Le projet révèle la philosophie de l’agence : « Nous sommes des artisans de l’architecture », revendique l’architecte, ajoutant que la conception passe notamment par la réalisation de nombreuses maquettes.

Lors des offices, le public bénéficie de l’aménagement chaleureux avec ses vitraux et parties en bois contrastant avec le béton blanc.

Le minimalisme associé à des matériaux bruts n’exclut toutefois pas une certaine technicité. Emblématiques du projet, les treize trumeaux élancés de 7,5 m de hauteur et 2,10 m de largeur ont été coulés sur place, en deux étapes, entre des coffrages sur mesure en contreplaqué bakélisé qui intègrent une isolation en mousse. Ce procédé garantit une finition soyeuse du béton laissé apparent. Le respect scrupuleux par l’entreprise d’exécution des plans précis de l’agence d’architecture a contribué à cette qualité de surface. Ces trumeaux encadrent les séries de vitraux aux teintes jaunes et bleues de l’artiste sculpteur lyonnais Georges Faure. Ils accentuent aussi les jeux d’ombre et de lumière par leurs larges pans obliques en béton brut, orientés à l’est et à l’ouest. Un acrotère en aluminium de 12 cm de hauteur vient discrètement couronner l’édifice en périphérie d’une toiture-terrasse végétalisée. Quant au contreventement, il est assuré par les murs pignons et les parois encadrant l’autel.

Le caractère spirituel de la chapelle est souligné par le choix de matériaux bruts et intemporels mis en œuvre avec retenue.

Ancrage, sérénité et légèreté

Puissant à l’extérieur, le béton blanc dégage en revanche à l’intérieur une sensation d’intimité et de réconfort. Le mariage avec le bois apporte de la chaleur au vaste volume. Délimitée par un faux plafond en plaques de plâtre et reliée à la dalle de toiture par des suspentes métalliques, une voûte légèrement cintrée constituée de lames perpendiculaires en frêne teinté améliore l’acoustique. Ces dernières dissimulent un revêtement absorbant en claire-voie appliqué sur un fond en tissu noir. Un dispositif similaire se retrouve à l’arrière de l’autel et sur la paroi d’entrée sous la forme de panneaux muraux, créant une sensation de profondeur et d’apaisement. En contraste avec le revêtement de sol uniforme en pierre naturelle, le mobilier en bois participe à cet aménagement intime et chaleureux. Quant aux menuiseries extérieures, elles sont en acier noir, tout comme les raidisseurs et parcloses subdivisant horizontalement les vitraux dans un souci de légèreté visuelle. La même délicatesse caractérise la grande croix réalisée en creux sur le pignon nord en béton apparent.

Plan du rez-de-chaussée. Axée sur le hall d’entrée de l’Ehpad, la nef centrale bénéficie d’un traitement architectural privilégié avec ses trumeaux obliques.

Localiser la réalisation

Reportage photo : © Érick Saillet

Fiche technique

  • Maîtrise d’ouvrage : Les Petites Sœurs des Pauvres de Lyon
  • Maîtrise d’œuvre : AUM architectes
  • BET structure : Chapuis
  • Artiste : Georges Faure (vitraux)
  • Entreprise gros œuvre : Léon Grosse
  • Surface : 479 m² SDP
  • Coût : 2,8 M € HT
  • Programme : chapelle.

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