Créée au début des années 2000, la Cité des Territoires regroupe dans un même ensemble l’Institut de géographie alpine et l’Institut d’urbanisme de Grenoble. Pour s’agrandir, un nouveau bâtiment lui est adjoint en 2016 : grand rectangle longiligne (66 x 11 m), il jouxte le jardin des Poètes et vient fermer le U composé des deux ouvrages d’origine. Inséré au sein d’une ZAC, le nouveau bâtiment présente une architecture minimaliste, aux lignes pures, tout en équilibre. Sa caractéristique remarquable : les brises-soleil verticaux en béton brut, poétiquement baptisés « les cils » par son architecte Boris Bregman* et la transparence de son rez-de-chaussée.
Le choix du matériau béton était une évidence pour l’architecte, la ville de Grenoble étant liée à l’histoire du ciment et du béton. En effet, Louis Vicat, l’inventeur du ciment « moderne », en fut une personnalité illustre.
Le bâtiment se dessine en lame d’un seul tenant et forme au rez-de-chaussée un pont de 35 m de portée ; totalement libéré de tout point porteur, il s’ouvre par de grandes baies vitrées sur le jardin des Poètes côté ouest et la cour intérieure de la Cité des Territoires à l’est. Les cils brise-soleil verticaux rythment la vue depuis l’intérieur, tout en protégeant du rayonnement solaire direct.
Des « cils » hautement techniques
Les façades possèdent chacune 53 lames brise-soleil, soit 106 « cils » tous différents les uns des autres. De forme asymétrique et profilés en triangle, ils sont disposés selon une trame de 1,25 m entre axes et dessinés pour présenter un angle de 60° par rapport aux façades, afin de les protéger au mieux de l’ardeur du soleil tout en réverbérant la lumière naturelle au cœur du plan. De longueurs différentes, leur agencement en ligne brisée évoque un rideau en train de se soulever. Cette légèreté n’est qu’apparente, puisque chaque pièce pèse plusieurs tonnes, jusqu’à 13 pour les plus grandes (14m).
Si la préfabrication des lames a nécessité de nombreux ajustements en usine, tant pour les moules que pour la formulation du béton qui ne devait pas « buller » dans les moules, l’autre défi tenait à leur mise en place. La manutention, délicate, devait permettre de positionner très précisément chaque lame à la verticale, au droit de son point d’ancrage. Deux grues ont été nécessaires pour réaliser ce travail de très haute précision (la marge d’erreur ne dépassait pas le millimètre), dans une chorégraphie qui restera dans la mémoire ce chantier d’exception.
- Maître d’ouvrage : Université Joseph Fourier et Pierre Mendès France
- Maître d’œuvre : GBAU, Guyard Bregman, architectes Urbanistes ; Jeanine Fillion-Nicollet, architecte associée
- BET structure : Secoba
- Entreprise gros œuvre : SDE
- Préfabricant (cils béton) : ID’Bat