Insoumission - Pour la survie de l’architecture, de Rudy Ricciotti

Avec un vocabulaire volontiers guerrier, ou militaire, mais pas seulement, l’architecte du Mucem à Marseille, fustige ce qu’il voit comme un mal français ou européen, celui d’une bureaucratie déconnectée du terrain, multipliant les normes et les réglementations derrière lesquelles elle s’abrite. Pour combattre ce qu’il dénonce — les visions court-termistes, l’antibéton borné, l’inflation technologique, l’uniformisation, les divers diktats, l’abus de pouvoir,… —, il en appelle à l’insoumission, voire à la rebellion.

Loin d’être seulement une dénonciation des règles dont l’architecte, ici écrivain, reconnaît l’importance quand il s’agit de protéger les personnes œuvrant sur un chantier par exemple, ce livre est l’occasion d’un hommage fort à toutes celles et ceux qui participent à l’acte de bâtir, notamment au moment du chantier, à la créativité y compris issue de l’imprévu, aux savoir-faire des artisans et des ouvriers, au collectif.

De la convocation de ses souvenirs plus ou moins récents de tous les projets qu’il a menés et mène, émerge le goût des autres avec qui il partage, des matériaux dont il faut savoir comprendre les craquements, la fierté de faire œuvre.

En guise de conclusion et de passage de témoin, « Ne pas crever ! », Rudy Ricciotti l’affirme : « En matière d’architecture, l’invention n’est pas une fantaisie exquise. Elle est obligation morale. De l’architecte au maçon, du technicien à l’ingénieur, le travail n’a de sens que s’il permet à chacun de donner sa pleine mesure et de repousser ses limites. »

Éditions Albin Michel, 2025, 160 pages, 17,90 €.