L’ancienne prison de Saint-Paul Saint-Joseph désaffectée depuis 2009 accueille 6 000 étudiants depuis 2015. L’université catholique de Lyon, à l’étroit dans ses ex-locaux, avait participé à l’appel à idées lancé par la préfecture pour la reconversion du site, suite à un projet de démolition remis en question. Avec elle, et pour constituer le groupement de la SOFADE (mandataire) : Garbit et Blondeau Architectes, OGIC, Habitat et Humanisme et l’OPAC du Rhône. Leur projet lauréat était intitulé « La vie grande ouverte ».
Une mutation vers un lieu de savoir et d’ouverture
Le complexe formé par les deux prisons représentait un témoignage de l’architecture carcérale française du 19e siècle avec la juxtaposition de deux plans : en peigne pour Saint-Joseph, construite fin des années 1820 par Louis Pierre Baltard, et un plan panoptique, avec six bâtiments rayonnants autour d’une rotonde centrale de surveillance surmontée d’une chapelle, pour Saint-Paul. Ces plans étaient conçus comme une avancée appliquant les principes de l’hygiénisme, mais cela n’a pas empêché la surpopulation d’altérer le lieu en « marmite du diable ».
« Transformer un lieu d’enfermement en lieu de savoir » est devenu le défi de l’architecte Jean-Pierre Blondeau. Le parti architectural consistait à construire les bâtiments neufs sur le pourtour, à l’emplacement de l’enceinte partiellement conservée, et à créer une grande « rue couverte », traversante d’ouest en est, sur le principe de la traboule, pour relier les anciennes prisons Saint-Paul et Saint-Joseph.
Sept nouveaux bâtiments ont été ajoutés pour contenir les 19 amphis et les 70 salles de cours. La moitié du bâti d’origine a été conservé : la rotonde centrale de Saint-Paul devenue le point de desserte de toute l’université ; la chapelle ; le laboratoire d’économie sociale. Par ailleurs, cinq des six ailes conservées accueillent les fonctions administratives de l’université.
Côté Saint-Joseph, la partie centrale avec la rotonde et ses bâtiments est et ouest, ont également été conservés. Idem pour l’ensemble des portiques. Cinq pavillons en peigne ont été remplacés par des immeubles neufs qui accueillent des logements, dont une résidence intergénérationnelle séniors/étudiants, et les bureaux d’Habitat et Humanisme.
Une autre trace a été sauvegardée sur les dizaines de mètres de tunnel qui reliait les deux prisons, une fresque peinte par des détenus, parmi lesquels un certain Didier Chamizo, artiste maintenant reconnu sur la scène internationale.