Le défi consistant à bâtir une maison d’habitation face à un paysage montagneux a été relevé par une conception délicate et respectueuse du site. Dans ce projet, le béton s’exprime par ses diverses surfaces et son caractère minéral.
Conçue par l’architecte grenoblois Guy Depollier pour une famille de quatre personnes, la maison particulière à Meylan, en Isère, est implantée sur une longue parcelle face au splendide massif de Belledonne. Exposée au sud, sa volumétrie étirée et coudée s’explique par les limites parcellaires et les courbes altimétriques du terrain. La maison étant longée par un chemin à l’arrière, côté nord, elle oppose une longue paroi aveugle. Par contraste, la façade sud face au majestueux paysage alpin fait la part belle aux surfaces vitrées, à peine masquées par trois poteaux métalliques élancés de 16 cm de diamètre.
Après un auvent laissant deviner une masse boisée en partie haute et le garage, on découvre la maison avec une spacieuse pièce à vivre comprenant salle à manger, cuisine et espaces servants à l’arrière. Une loggia à plan carré sépare ce continuum spatial des trois chambres et de leurs salles de bains. Par fidélité topographique, l’architecte a disposé le garage et l’auvent plus bas d’un mètre que la partie habitation. Quant aux hauteurs sous plafond, elles varient en fonction des pièces. La partie nuit est ainsi plus basse que le séjour. Le résultat est un profil d’acrotère à ressauts qui vient assouplir la silhouette générale.
Une façade vitrée et un débord de toiture soignés
Avec son porte-à-faux d’un mètre, le débord de toiture exerce une fonction esthétique majeure consistant à éviter un acrotère d’une soixantaine de centimètres de hauteur. Celui-ci se présente sous la forme d’une poutre acrotère avec son relevé d’étanchéité, à l’aplomb de la façade vitrée. Le débord assure aussi une protection solaire partielle, notamment contre les rayons du soleil très verticaux les jours d’été. Cette protection est complétée par une série de brise-soleil orientables, objets d’une étude technique poussée, en partie haute de la façade vitrée. Il s’agissait en effet de les loger dans un caisson, avec les différents réseaux techniques, au nu du faux-plafond suspendu en plaques de plâtre. Ce détail est essentiel car il participe d’un autre double objectif : la discrétion et l’optimisation des surfaces vitrées.
La façade sud est constituée de vitrages coulissants autoporteurs sur rail. Les dormants des menuiseries à ouvrant caché en aluminium laqué – d’une dizaine de centimètres de hauteur – sont dissimulés dans le sol et en plafond. Quant aux montants, ils ne dépassent pas 2 cm en largeur, libérant ainsi la vue sur le panorama. Enfin, le coulissement des parties vitrées permet une dissolution visuelle de l’angle : la grande salle à vivre fusionne dès lors avec la loggia et l’extérieur. Avec son imposte en chêne et son bâton de maréchal, la porte d’entrée ponctue cette façade vitrée tout en rappelant le bois en ipé du platelage de la terrasse extérieure souhaitée par le client.
Une large palette de bétons
La qualité du projet tient aussi à celle des bétons, déployés en extérieur comme en façade. La dalle de toiture en béton franchit une portée de 7 m, tandis que la volumétrie est comme encadrée par les parois extérieures et le débord de toiture. Ces surfaces, ainsi que la sous-face de l’auvent, sont en béton architectonique obtenu par coulage entre des banches métalliques dont témoignent les trous d’étrésillons. À l’intérieur, seuls le garage et le bloc technique des pièces d’eau sont en béton apparent. Ce caractère apparent se retrouve dans les différents revêtements de sol. On pense notamment à la rampe d’accès pour véhicules en béton désactivé dont les agrégats concassés et les couleurs ont été choisis.
Quant aux murets du jardin assurant une certaine intimité visuelle, ils sont en béton architectonique et présentent des ressauts à l’instar du débord de toiture. Les accès piétons, sous la forme de pas d’âne, ainsi que l’emmarchement menant à la terrasse, sont en béton quartz surfacé à l’hélicoptère. Le sol de la loggia présente des joints de recoupement définissant des zones de 25 m2 pour empêcher la formation de fissures. Cette diversité de surfaces en béton engendre une harmonie visuelle avec une palette chromatique froide rappelant l’environnement montagneux.
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Reportage photo : © Guy Depollier
Fiche technique
- Maîtrise d’ouvrage : privée
- Maître d’œuvre : Guy Depollier, architecte
- BET : CTV
- Entreprise gros œuvre : GLJ Maçonnerie
- Surface : 157 m² SDP
- Coût : non communiqué
- Programme : maison particulière d’une grande pièce de vie (cuisine, repas, séjour), trois chambres et un garage).