Esthétique, résistant et durable, le béton permet de réaliser des ouvrages remarquables, qu’il s’agisse de création ou de réhabilitation. Deux belles illustrations à Orléans, la cité qui garde le souvenir de la fameuse « Pucelle ». Elle y est célébrée fidèlement chaque année depuis plus de 500 ans.
Situation
Préfecture du Loiret et capitale de la région Centre-Val de Loire, Orléans se situe à seulement 120 km de Paris vers le sud, aux portes de la Sologne et de la Beauce. Bordée par la Loire, la cité historique constitue un pôle d’attraction dynamique au sein d’une aire urbaine de près de 280 000 habitants. Ancienne capitale du royaume des Francs au Ve siècle, sous Clovis, la ville célèbre chaque année sa libération de l’occupation anglaise par Jeanne d’Arc durant la guerre de Cent Ans (le 8 mai 1429). Depuis 2018, ces festivités sont inscrites à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France.
Le parvis du théâtre d'Orléans
État des lieux
Symbole de renouveau et de modernité, le théâtre d’Orléans a ouvert ses portes en 1975. Après plus de quatre décennies de bons et loyaux services, il méritait une seconde jeunesse. C’est ce que la municipalité lui a finalement offert. Le bâtiment, « une architecture des années 1970 », justifiait une intervention : « un beau bâtiment avec des lignes très sobres, épurées », mais qui avait besoin « d’être modernisé », selon les mots de Nathalie Kerrien, l’adjointe à la culture de la ville d’Orléans, au lancement du projet.
Situé juste devant, le parvis demandait également une intervention de grande envergure. C’est en effet sur cette vaste esplanade que se déroulent, depuis sa création, de nombreuses manifestations culturelles et festives, dont certaines liées aux fêtes johanniques, chères aux Orléanais.
Consciente de l’enjeu, la municipalité a souhaité une rénovation de qualité. « Tout sera rafraîchi », s’était engagée, à l’époque, Nathalie Kerrien.
Projet
La rénovation du parvis va de pair avec la modernisation intérieure du théâtre. À l’extérieur, les circulations doivent être mises aux normes afin de permettre l’accès aux personnes à mobilité réduite ainsi que celui des piétons et des cyclistes aux abords du parvis. La végétalisation et l’éclairage sont à repenser pour apporter fraîcheur et convivialité. Le projet prévoit également la réfection totale du dallage et son ornementation avec des motifs géométriques, destinés à animer l’esplanade en la rendant plus accueillante.
Enfin, cinq sculptures de l’artiste orléanais Roger Toulouse ont été installées à l’ouest du parvis, sous les platanes.
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Objectifs
Le projet fait l’objet de nombreuses études et réflexions.
- Plusieurs objectifs sont assignés à cette rénovation qualitative :
- Assurer une meilleure visibilité du lieu culturel ainsi que la promotion de ses activités et de sa programmation (théâtre, spectacles, chorégraphie).
- Améliorer l’accessibilité et le confort des manifestations, à l’extérieur comme à l’intérieur, ainsi que du restaurant attenant au théâtre et de sa terrasse.
- Faciliter la transition extérieur-intérieur, du parvis jusqu’à l’entrée du bâtiment.
- Valoriser l’environnement et le cadre de vie du quartier.
- Avoir une durabilité la plus longue possible.
Courant 2018, au terme de six mois de réflexion, le projet de rénovation est présenté aux usagers et aux riverains.
Choix du béton
L’une des spécificités du lieu est d’accueillir, une fois par an, en mai, lors de la célébration des fêtes de Jeanne d’Arc, une vaste scène où se déroulent de nombreuses animations en présence d’un public abondant.
Par ailleurs, le théâtre est doté d’un large accès en façade permettant l’intervention des engins de sapeurs-pompiers en cas d’incendie. Enfin, pour son fonctionnement et celui de son restaurant, l’établissement culturel nécessite un trafic régulier de véhicules plus ou moins imposants et lourds. « Ces paramètres, ainsi que la durabilité souhaitée de cette rénovation, ont orienté le choix du béton pour le revêtement de l’esplanade, explique Corinne Daudin, du service Ingénierie de la direction de l’espace public d’Orléans Métropole, maître d’œuvre du chantier. Un moment envisagée, la mise en œuvre d’un revêtement en pierre a été écartée. Nous avons réalisé de nombreuses planches d’essais. Finalement, la municipalité a assumé le choix du béton en prenant notamment en compte l’esthétique et la solidité du matériau. Avec sa minéralité, sa plasticité et sa résistance, le béton répondait parfaitement aux besoins spécifiques de ce chantier exigeant. »
Choix de l’entreprise
L’entreprise Eurovia remporte l’appel d’offres. Elle choisit de confier à la société TAE la mise en œuvre du béton décoratif. Basée à Blois, à Tours et à Rennes et dirigée par Jean-Yves Gonidec, TAE est un applicateur reconnu des solutions de béton décoratif en Centre-Val de Loire et dans l’Ouest.
Mise en œuvre
Les travaux débutent à la fin juin 2018, au terme de la saison artistique et culturelle. Comme prévu, ils concernent à la fois le théâtre et son parvis. Une partie d’entre eux doivent être terminés fin septembre pour le lancement de la saison culturelle, une autre devant se poursuivre jusqu’à fin 2018, sans incidence sur la programmation et les spectacles proposés par les différentes structures du théâtre d’Orléans.
Organisation de la circulation
Dès le début des travaux, la circulation des piétons et des cyclistes est déviée. La présence d’une base de vie, sise avenue Pierre-Ségelle, et d’une zone de stockage entraîne la neutralisation du stationnement.
Travaux préparatoires
- Démolition de l’ancien parvis
Elle est assurée par Eurovia.
- Qualité de la plate-forme support
La plate-forme support, mise à nu par la démolition de l’ancien parvis, était en bon état sauf à certains endroits où il a fallu réaliser des purges localisées pour lui conférer l’homogénéité et la portance requises. « Vérification faite, après échantillonnages, la plate-forme support du parvis s’est révélée très solide, commente Jean-Yves Gonidec de TAE. À certains endroits, il y avait déjà du béton. » « La couche de forme avait effectivement conservé les caractéristiques d’un traitement au liant hydraulique effectué dans les années 1970 », confirme, de son côté, Corinne Daudin d’Orléans Métropole.
L’une des spécificités du lieu est d’accueillir, une fois par an, en mai, lors de la célébration des fêtes de Jeanne d’Arc, une vaste scène où se déroulent de nombreuses animations en présence d’un public abondant.
Le plan de calepinage
Il donne lieu à de nombreux échanges entre la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre et l’entreprise TAE. Ils débouchent sur un choix qui concile harmonieusement contraintes techniques et valorisation esthétique.
Mise en œuvre du béton
Un même béton est utilisé sur l’ensemble du chantier. De consistance adaptée, il est coulé sur une épaisseur de 17 cm directement à la goulotte, avant d’être réparti à la pelle ou au râteau et tiré à la règle. « Il n’a pas été vibré », précise Jean-Yves Gonidec de TAE. Au total, 325 m³ sont mis en œuvre sur une surface de 1 450 m².
Finition de surface
Après la mise en œuvre du béton, l’entreprise a procédé immédiatement au traitement de surface afin de conférer au revêtement la fonction de structuration/d’animation, les qualités esthétiques et surtout les qualités d’adhérence exigées.
Pour y parvenir, trois finitions de surface et trois colorations sont mises en œuvre tour à tour sur le parvis, en fonction d’un phasage minutieux, pour réaliser certaines zones et pour dessiner les motifs de la décoration cursive souhaitée par la municipalité. Chacun d’eux fait l’objet d’une finition de surface spécifique :
- Béton désactivé à base de ciment gris et de granulats 4/10 de calcaire local de couleur claire.
- Béton sablé sur durcisseur charbon Viasol avec charge scintillante (quartz) avec une coloration noire. Il est utilisé pour signaler l’entrée du théâtre et baliser les cheminements.
- Béton imprimé « Empreinte pierre » sur durcisseur couleur sable, démoulant blanc avec des moules aux formes aléatoires pour obtenir un effet « roche brute ».
Cure
En juillet et en août 2018, les coulages s’effectuent sous des températures caniculaires avoisinant les 40 °C. Les équipes de TAE prennent un soin particulier à vaporiser les produits de cure à la surface du béton et à toujours maintenir une humidité suffisante pour la bonne prise du béton. Objectif : empêcher la formation de fissures, favorisées par une dessiccation trop rapide du béton.
Calepinage des joints
Les joints, en correspondance soignée avec les motifs décoratifs, sont réalisés dès le lendemain du coulage. « Selon une habitude que nous avons prise et que je recommande, un joint sur trois a été scié sur toute la “hauteur” du béton, soit 17 cm », commente Jean-Yves Gonidec.
Météo
En dépit des fortes chaleurs et grâce à la vigilance des équipes de TAE, la météo n’a pas interféré avec la qualité du chantier.
Réouverture à la circulation
La zone du chantier a été rouverte à la circulation au début du mois de septembre 2018, comme prévu.
Inauguration
Le nouveau parvis du théâtre d’Orléans a été inauguré à l’été 2019, soit un an après sa réalisation. Il a repris du service, doté de ses nouveaux atours et fidèle à sa vocation de lieu de rencontre et d’animation. Ainsi, le samedi 20 mars 2021, près de 500 personnes s’y sont donné rendez-vous pour exprimer leur soutien aux acteurs culturels en cette période de lutte conte la Covid-19 et demander la réouverture rapide des lieux d’art et de culture. Symbole de modernité, sur une idée du cabinet d’architecture Heudé et Heudé, la façade du théâtre a vu l’installation de deux cubes rouges : l’un positionné au niveau de l’entrée ; et l’autre pour accueillir un écran LED de 30 m² permettant d’annoncer la programmation culturelle.
Bilan
« Ce magnifique chantier, qui s’est parfaitement déroulé, est, pour moi, la meilleure illustration de ce que l’on peut réaliser avec le béton, tant du point de vue de l’esthétique que de la durabilité, s’enthousiasme le dirigeant de TAE, Jean-Yves Gonidec. On peut tout faire avec le béton ! C’est un matériau caméléon ! »
Bienvenue au Jardin des Plantes
Situé sur la rive gauche de la Loire, le Jardin des Plantes d’Orléans a lui aussi connu une véritable cure de jouvence grâce au béton décoratif. Après d’importants travaux de voirie visant à « réguler » la circulation sur la RD2020 (boulevard Roger-Secrétain : 45 000 véhicules/jour) qui le longe à l’ouest et après la création d’un nouvel accès au Jardin des Plantes, l’espace vert a été totalement restructuré, désenclavé et embelli pour créer un nouveau parvis paysager. Cet aménagement récent, qui favorise les circulations douces et les promenades, s’ouvre sur le quartier et rapproche les équipements qui sont à proximité, notamment un établissement scolaire (groupe scolaire du Jardin des Plantes) et le Lab’O, un « incubateur de start-up numériques ».
Réalisation remarquable : ses cheminements à base de béton blanc et de gros granulats de calcaire local 0/60 (Pontijou, près de Blois), avec une finition bouchardée, mis en valeur par d’élégantes bordures calcaires incrustées. Réalisés en mars et en avril 2019 par la société TAE de Jean-Yves Gonidec, ces cheminements ont nécessité quelque 70 m3 de béton confectionné par Minier Béton sur la base d’un ciment blanc de Ciments Calcia.
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Localiser la réalisation
Principaux intervenants
- Maîtrise d’ouvrage : Ville d’Orléans (direction de la culture)
- Maîtrise d’œuvre : Orléans Métropole (direction de l’espace public)
- Entreprise générale pour le parvis du théâtre : Eurovia
- Entreprise générale pour le jardin des Plantes : Colas
- Entreprise de mise en œuvre du béton décoratif : TAE
- Fournisseur du béton : Minier béton
- Fournisseur du ciment : Ciments Calcia
En quelques chiffres
- Parvis du théâtre
17 cm d’épaisseur de béton
325 m³ de béton mis en œuvre
- Jardin des Plantes
70 m³ de béton pour les cheminements