Le nouveau pavillon s’installe avec légèreté dans l’épaisseur du site.

Située entre les plages d’Omaha-Beach et de Gold-Beach, en pleine zone du débarquement des forces alliées le 6 juin 1944 en Normandie, Longues-sur-Mer conserve  en bon état de cette période sa batterie de tir de canon construite en béton armé par les Allemands : quatre casemates qui abritaient les canons de marine longue portée et, à l’avant, le poste de direction de tir. Prise par les troupes britanniques dès le lendemain du débarquement, elle fit l’objet d’un classement au titre des Monuments historiques en 2001. Lieu de mémoire du « mur de l’Atlantique » donc, cette petite commune rurale du Calvados de moins de 600 habitants voit passer jusqu’à 400 000 visiteurs par an. L’affluence qui ne se dément pas, voire augmente, justifiait la construction d’un pavillon à même d’accueillir et d’orienter tout au long de l’année l’afflue conséquent de personnes. Le projet se devait d’améliorer les conditions d’accueil à la batterie mais aussi d’intégrer l’office du tourisme.

Un lieu d’accueil et d’orientation

Situé à l’arrière de la batterie, le nouvel édifice remplace l’ancien pavillon d’accueil, jugé inadapté. Par soucis de discrétion vis-à-vis des vestiges historiques alentours et d’insertion paysagère, il est construit dans une tranchée jouant à la fois de la topographie et du modelage du sol. L’accès piétons depuis la zone de stationnement aménagée au sud, mène jusqu’à l’entrée ouest du bâtiment niché au bout de cette tranchée. Tout en longueur, le pavillon s’étire d’ouest en est sur 54 mètres et 8,70 mètres de largeur par 4 à 5 mètres de hauteur. Il se termine à chaque extrémité par un porte-à-faux de 7,20 mètres, qui forment ainsi deux auvents protecteurs de la pluie, du vent et du soleil, suivant la saison. Entre les deux, se trouvent l’office du tourisme et divers locaux fermés, techniques et de stockage.

Le belvédère s’élance vers l’ouest, indiquant le chemin vers la première casemate.

Embrasser le paysage et son histoire

La toiture-terrasse constituée d’une dalle épaisse en béton, accessible dans le prolongement du talus sur l’extrémité est, accuse volontairement une légère pente, s’élevant progressivement d’un mètre : une manière de donner la direction vers la première casemate et, en retour, d’inscrire le pavillon dans le parcours de ce chapelet d’abris militaires qui ponctuent encore le littoral. « Seul l’horizon est horizontal dans le site » justifie Adrien de Bellaigue, l’un des associés de l’agence d’architecture dbo conceptrice du projet, ajoutant « la toiture donne une direction et permet d’être plus tapis dans sol à l’est qu’à l’ouest où elle émerge du terrain. » Depuis ce belvédère, le paysage qui s’offre rassemble l’horizon, le littoral, le plateau agricole et l’arrière pays. Par temps clair, on perçoit côté terre au-delà de Bayeux et, côté mer, la pointe de Barfleur et la baie de Seine, faisant comprendre l’implantation stratégique de la batterie de Longues-sur-Mer.

L’accès à la toiture-terrasse s’effectue directement depuis le talus à l’angle sud-est.

La dalle est supportée de part et d’autre par des poteaux-lames et des voiles extérieurs, les parois vitrées et pleines des locaux qu’elle abrite étant placées en retrait. Ce dispositif permet de faire varier les vues et la pénétration de la lumière naturelle mais aussi la perception du bâtiment — plateforme flottante entre deux talus ou toiture pesante et protectrice.

La façade nord est rythmée par les poteaux-lames en béton dont la finesse de la tranche contraste avec l’épaisseur de la dalle qu’ils soutiennent.

Le béton en écho au paysage

Le choix d’une construction en béton armé correspond au paysage environnant caractérisé par la terre argileuse et les falaises, ainsi que les constructions militaires en béton armé. Tous les éléments ont été coulé en place : les poteaux-lames et les voiles extérieurs, le plancher haut et les poutres qui forment l’acrotère, ainsi que le sol extérieur.

Plan du rez-de-chaussée.

Teinté dans la masse, d’un ton ocre et légèrement texturé par sablage qui s’approche de l’aspect de la pierre locale, le béton est laissé brut, à l’exception des murs en retrait de la toiture ; ils sont revêtus d’un bardage métallique en harmonie avec les portes d’accès. Plusieurs prototypes ont été réalisés afin d’obtenir la bonne finition en termes de teinte et de sablage du béton. Essentielle compte tenu de la proximité du littoral, sa composition lui confère une résistance à l’air marin (XS1), renforcée par l’application d’un hydrofugeant sur la finition sablée, et mécanique élevée (C35/45) qui assure la durabilité de l’édifice avec un entretien limité.

Le pavillon a été distingué par le prix 10+1 organisé par la revue d’architecture d’A.

Localiser la réalisation

 Reportage photo : © Julien Lanoo

Fiche technique

  • Maître d'ouvrage : Bayeux Intercom
  • Maîtres d'œuvre : dbo architectes (mandataire)
  • Paysagistes : Michele&Miguel
  • Scénographe et graphiste (parcours d’interprétation) : AMF & CL Design
  • BET structure : Claeyman
  • Entreprise gros œuvre : Zénone
  • Aménagements extérieurs : groupement Eiffage Vallois
  • Surfaces : 241 m2 SP, 23 747 m2 espaces extérieurs
  • Coût : 1,730 M€ HT
  • Programme : amélioration des conditions d’accueil des visiteurs de la batterie de Longues-sur-Mer avec la création d’un bâtiment qui contient l’office de tourisme.



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